Vayiqra 5779 - Za'hor

" Il appela Moshé, D.ieu lui parla …"
(VAYIQRA 1,1)

Nous commençons cette semaine, le troisième livre de la Torah, le livre de Vayiqra, appelé "Le Lévitique", car il a pour thème principal le service de D. (au Temple ou dans le Michkan ) qui était effectué par la tribu des Lévi. Cette tribu inclut les Léviim mais aussi les Cohanim.

La première paracha du Lévitique, Vayiqra, est quant à elle consacrée aux offrandes/sacrifices. En effet, il n’y a pas de mots en français pour traduire le concept de « korbane ».

Cette semaine, c'est aussi le chabbat Za'hor « Souviens toi ». Nous avons l'obligation d'écouter ce passage de la Torah : nous avons la mitswa de nous souvenir de ce qu'a fait Amaleq, quand nous sommes sortis d'Egypte.
« Souviens-toi de ce que t'a fait Amaleq, dans le chemin, lorsque vous êtes sortis d'Egypte »
(Fin de la paracha Ki Tetse Devarim 25,17-19)

Nous lisons ce passage le chabbat qui précède Pourim car Aman, qui a voulu exterminer le peuple juif, est un descendant de Amaleq.

En effet, dans la Meguila d'Esther, au premier verset du chapitre 3, on nous décrit Aman « le Agagui » = descendant de Agag. Et qui était ce Agag ? Tout simplement le Roi d'Amaleq, à l'époque de Chmouel et Chaul.

Jeudi prochain, ce sera Pourim dans la plupart des lieux, et vendredi prochain, ce sera Chouchane Pourim. C'est vendredi prochain que l'on fêtera Pourim à Jerusalem.
Le jour de Pourim, le matin, on lira dans la Torah, un autre passage qui fait référence à Amaleq. C'est celui que l'on trouve dans la paracha Bechala'h (Chemot 17,8-16).
 
Quelles sont les caractéristiques de cette lutte contre Amaleq ?

Les 2 passages de la Torah qui parlent d'Amaleq font référence à une faiblesse des bné israel. Sans faiblesse du peuple, Amaleq est impuissant. « Il (Amaleq) a attaqué parmi toi ceux qui étaient faibles derière toi, et toi Tu étais fatigué » (Devarim 25,18). Rashi explique que ceux qui étaient faibles « manquaient de force à  cause de leurs péchés.

Autre caractéristique, cette guerre contre Amaleq semble perpétuelle.
A la fin de la paracha Bechala'h (Exode 17,16) on trouve : « Il (Moshé) dit : Car il y a une mainsur le trône de D., D. fait la guerre contre Amaleq de GENERATION en GENERATION »

Alors, si la Torah nous donne l'ordre de faire disparaître Amaleq, pourquoi, cette guerre doit être perpétuelle ? Il suffirait une bonne fois pour toute de faire disparaître cette source du mal ?

En fait, ce que nous devons comprendre c'est que Amaleq n'est pas « un stock ». Amaleq est le mal que nous créons.
L'objectif est de faire disparaître le mal et la source du mal.

Imaginons quelqu'un qui se fatigue, qui sort au grand froid torse nu, et qui attrape une bactérie de type streptocoque.
Alors, d'abord, il faudra lutter contre la bactérie, et probablement prendre des antibiotiques. C'est faire la guerre à la bactérie.
Mais cela ne suffit pas. Il faudra désormais se comporter intelligemment pour ne plus attraper un « strep » bêtement.

Pour Amaleq, c'est la même chose. Quand il est face à nous, il faut se battre. Mais ensuite, il ne faut pas le regénérer bêtement par nos errements, par nos fautes.

La victoire finale, viendra aux temps messianiques. Quand mon comportement sera exemplaire, et qu'ainsi, je ne créerai plus de Amaleq.

Amaleq, c'est le symbole du fort qui profite de sa position pour écraser le faible. C'est celui qui se faufile quand il y a la moindre faille.
Alors c'est vrai, la solution de facilité, c'est de dire que tous les malheurs du monde sont causés par cet autre qui me casse les pieds !
Mais, si je raisonne de la sorte, je n'atteindrai jamais la victoire définitive.
Et ce n'est pas dans l'Autre que l'on doit faire disparaître mal. Il faut commencer par se regarder et se corriger.


Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN