BECHALA’H 5779

«… Il a été pour moi le salut, Voici mon D., et je veux L'embellir...»
Chemot (15,2).


Après la sortie d’Egypte, nous vivons cette semaine la traversée de la Mer des Joncs.

C'est dans la Paracha Bechala'h que Pharaon regrette d'avoir laissé sortir les Bné Israel d'Egypte. Il les poursuit donc avec son armée, jusqu'à la Mer des Joncs. La mer s'ouvre, les Bné Israel passent à pieds secs, les égyptiens les suivent et sont engloutis. Ils chantent la Chira « Az yachir Moshé ». La fin de la paracha présente la manne qui tombe chaque jour de la semaine, sauf le chabbat.

Au début de la Chira, on le lit verset en entête. Et nombreuses sont les explications de la guemara sur le « je veux L'embellir »

La guemara Chabbat 133b nous explique qu'il faut embellir les mitswot. Il faut faire une belle Souka, il faut un beau loulav, un beau Sefer Torah …

A la même page, Aba Shaul apprend toujours du verset en entête : « Zé Eli Veanvéou, ressemble Lui [à D.], de la même façon qu'Il est clément et miséricordieux, sois clément et miséricordieux »

Le Torah Temima cite Rashi de la guemara Chabbat pour nous faire comprendre l'explication de Aba Shaul.
« Zé Eli Veanvéou » signifie littéralement « Voici mon D. et je veux l'embellir ». Mais Rashi nous dit que Véanvéou fait référence à « Ani va Hou » Moi et Lui. D'où l'explication de Aba Shaul : Je dois ressembler à D.

Le Torah Temima fait une synthèse du sens littéral et de la dracha de Aba Shaul. Ressembler à D., c'est l'embelllir. Lorsque l'on s'efforce d'être clément et miséricordieux, comme D., alors on glorifie D.
Aba Shaul complète donc la dracha précédente. Embellir D., c'est embellir les commandements divins comme la souka, le loulav… plus généralement tous les commandements positifs qui me lient à D. Les mitswot de l'homme envers D.
Mais cela ne suffit pas. Embellir D., c'est aussi bien se comporter avec son prochain. Embellir D., c'est être clément et miséricordieux envers son prochain.
Si quelqu'un est pointilleux sur les commandements envers D., mais qu'il se comporte mal avec son prochain, alors le nom de D. est profané.
En revanche, en étant exemplaire avec son prochain et avec D. alors, on suscite les louanges. Et les semblables disent : Oh que ses actions sont belles ! C'est grâce à son D., et à sa Torah !

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Commentaire déjà envoyé il y a 6 ans, mais que je trouve d'actualité, donc je le renvoie

Le commentaire n’est peut être pas à mettre en toutes les mains. Esprits fragiles s’abstenir …

Cette semaine, on m’a dit : « tu sais Stéphane, c’est aujourd’hui [mardi] le jour de la parnassa, tu es au courant ? Tu connaissais ce jour, c’est nouveau ? ». Cela a été la goutte de rosée qui fait déborder le vase.

Qui connaissait ce jour, il y a 20 ans ? Qui avait entendu parler de ce morceau de la paracha Bechala’h (la paracha de la manne) qu’il faut lire le mardi de la semaine Bechala’h, et qui est sensé apporter la parnassa … de l’argent à celui qui le lit ?
En fait, il y a 20 ans nous étions de mauvais juifs…

J’aimerais bien rencontrer un Rav qui ose dire clairement que D. nous donnera la parnassa uniquement parce que l’on aura lu un passage.
En fait, lire ce morceau de la paracha est un truc qui peut permettre au mécréant d’arnaquer et de rançonner D.
D. avait décidé de ne pas accorder une bonne parnassa à M. X, mais M. X est malin, il lit le passage de la Manne, et donc D. change d’avis, et ouvre les vannes !

Même la Torah, lorsqu’elle promet la récompense « afin que tes jours se prolongent », les sages de la guemara expliquent que la Torah parle du monde futur… En clair, dans ce monde ci la Torah ne promet pas de salaire. Alors comment comprendre qu’un Rav aurait dit qu’en lisant la paracha de la Manne, on s’assure une bonne parnassa ?

Comme, il faut juger tout le monde avec des a priori positifs, voici mon explication. Le Rav qui a expliqué l’importance de lire la paracha de la Manne a voulu sûrement nous faire comprendre le message de la Manne.

Quel est donc le secret de la Parnassa ? Il faut savoir se satisfaire de son sort. Qui est riche, nous disent les Pirké Avot ? Celui qui se contente de ce qu’il a.
Pour la manne, il ne fallait ramasser que ce qui était nécessaire. On ne devait pas stocker.
La Manne nous apprend qu’amasser des richesses est vain.

La Manne c’était l’aliment universel, qui remplaçait tous les autres aliments. Plus nécessaire de se créer des besoins. Le matériel n’est plus un objectif, c’est uniquement un moyen de vivre.

Lire la paracha de la Manne, avec toute la kavana (concentration), en croyant que D. va me couvrir d’or pour que je puisse m’acheter la plus belle maison, une cinquième voiture (pour protéger les 4 autres du mauvais œil !!!), ou pour que je puisse partir en vacances dans un hotel 5 étoiles (bien plus confortable que le 4 étoiles), c’est exactement le contraire de l’esprit de la paracha de la manne.

CHABBAT CHALOM

Stéphane Haim COHEN