LE’H LE’HA 5779

« Avram entendit que son frère [Lote, son neveu] avait été fait prisonnier ; il arma ses hommes entraînés, nés dans sa maison, 318, et il poursuivit jusqu'à Dan  »
Berechit 14,14
 
Après les échecs que les hommes ont générés depuis la création du monde (la faute de Adam et ‘Hava, la génération du déluge, celle de la Tour de Babel), un homme apparaît dans la Paracha de cette semaine. C’est un homme hors du commun, c’est Avraham (Nous l’appellerons ainsi, bien qu’au début de la paracha, il soit nommé Avram).
Cet homme est exceptionnel :
Grâce à son intelligence et à son discernement il va découvrir D.
 
Avraham notre père, notre ancêtre, va diffuser le message du D. UN.
Avraham se soumet entièrement, d’une foi complète au Créateur, et c’est cela aussi sa grandeur. Même, si les ordres qu’il reçoit ne sont pas compatibles avec la logique humaine, il se soumet, et applique la volonté de D.
 
Au chapitre 14, la paracha nous raconte la guerre des 4 rois qui vont vaincre les 5 rois. Ils prendront en captivité Lote, le neveu d'Avraham, qui était parti habiter à Sodome.
Avraham part donc le sauver. Et le verset en entête nous dit qu'il poursuivit les assaillants jusqu'à Dan.
Rashi, reprend les paroles de Rabbi Yo'hanan dans la guemara Sanhédrine 96a : Quand le tsadiq (Avraham) est arrivé à Dan, ses forces se sont amoindries. Il a vu que ses descendants y feraient de la avoda zara (idolâtrie), comme on le voit dans Mela'him Alef, 12.
 
Le Torah Temima explique comment Rabbi Yo'hanan a fait sa dracha : à l'époque d'Avraham, il n'y avait pas d'endroit nommé Dan. La Torah choisit de nommer un lieu par le nom qu'il portera plusieurs générations plus tard, ce n'est pas par hasard. Rabbi Yo'hanan fait donc ressortir ce qui se passera à Dan, l'idolâtrie, contre laquelle Avraham s'est battu toute sa vie.
 
Le Torah Temima fait remarquer qu'en général la Torah n'appelle un lieu par un nom qui lui sera donné dans le futur que s'il n'a pas de nom au moment de l'action. Ce qui n'est pas le cas ici. Le lieu s'appelait Layich ou Lechem. C'est pour cela que Rabbi Yo'hanan fait sa dracha.
 
Le Torah Temima nous explique qu'il est aussi possible d'expliquer le verset au niveau textuel (pchate, et non le drach). En effet, lorsque dans le Tana'h on a 2 mots qui se suivent et que la dernière lettre du premier mot est la même que la première lettre du second mot, alors la 1ere lettre du second mot peut sauter.
Ainsi dans Vayetse, on trouve BalaylaH hou, au lieu de Balayla Hahou. Le Torah Temima continue en nous donnant plusieurs autres exemples. Il continue donc avec le verset en entête. On y lit « Ad Dan » = « Jusqu'à Dan ». Mais il est possible, qu'on parle en fait de l'endroit nommé Dédan, et que le premier « D » (daleth) aurait sauté.
Dédan est un lieu qui existait à l'époque d'Avraham, nommé ainsi selon le nom du descendant de Noah' (Berechit 10,7). D'ailleurs dans Jeremie 49, on parle du lieu Dédan.
 
Maintenant, nous dit le Torah Temima, nous comprenons mieux pourquoi la guemara Ketouvot 10b, qui s'intéresse aux anachronismes dans la Torah ne cite pas notre verset. En effet, s'il n'y avait que l'explication de Rabbi Yo'hanan la guemara aurait pu citer Dan, nom donné à un lieu, en anticipant plusieurs générations.
Mais, si l'on considère que Dan fait référence à Dédan, alors, il est normal que la guemara Ketouvot ne cite pas le verset en entête.
 
Stéphane Haim COHEN