Bechala’h 5784

«D. dit à Moshé : voici je vais faire pleuvoir pour vous du pain du ciel, et le peuple sortira, et ils ramasseront, chaque jour sa ration, afin que je l’éprouve, est-ce qu'il marche dans ma loi ou pas.
Chemot (16,4).

Après la sortie d’Egypte, nous vivons cette semaine la traversée de la Mer des Joncs. Pharaon regrette d'avoir laissé sortir les Bné Israel d'Egypte. Il les poursuit donc avec son armée, jusqu'à la Mer des Joncs. La mer s'ouvre, les Bné Israel passent à pieds secs, les égyptiens les suivent et sont engloutis. Ils chantent la Chira « Az yachir Moshé ».
La fin de la paracha présente la manne qui tombe chaque jour de la semaine, sauf le chabbat.
D. envoie donc la manne, ce qui sera fait quotidiennement pendant 40 ans (sauf chabbat bien évidemment).

Rashi tente d’expliquer en quoi la manne est un test, une épreuve. Il explique le sens littéral du texte. La manne, la nourriture céleste, comporte des obligations pour le peuple, et c’est sur cela qu’ils vont être testés. Est-ce que le peuple se contente d’une ration quotidienne ou bien voudra-t-il accumuler ? Est-ce que le peuple va accepter de ne pas sortir pour ramasser le chabbat ?
C’est donc un test sur la foi des Bné Israel, la manne tombe du Ciel, mais seront-ils suffisamment forts pour ne pas tomber dans le piège ? Le Kli Yaqar explique que la manne est le symbole de la recherche des moyens de subsistance. Et celui qui n’est pas entier dans sa confiance en D. peut passer tous les jours de sa vie à tenter d’accumuler. Et le Kli Yakar demande : quand trouvera-t-il le temps de fréquenter la maison de D., s’il passe son temps à courir après la parnassa ?

Le Kli Yaqar propose une autre interprétation de l’épreuve.
Il explique que celui qui veut étudier la Torah et grandir en Torah voit 2 obstacles se dresser devant lui.
Le premier c’est la nourriture… Celui qui ne s’alimente pas sainement va perdre de sa clairvoyance. D’ailleurs la Torah nous dit que Moshé quand il a reçu la Torah n’a pas pas mangé pendant 40 jours. En fait, la nourriture, forcément matérielle, nous éloigne du spirituel.

Le second obstacle c’est que pour étudier la Torah, pour grandir en Torah il faut moins travailler. On ne peut pas tout faire à la fois, si on veut étudier, il faut forcément moins investir de temps pour travailler.

La manne a procuré les conditions idéales pour être en mesure de se consacrer à la Torah. C’est une nourriture céleste, qui n’engendre pas de lourdeur d’esprit. La consommation de la manne n’empêche pas de grandir en Torah.
La manne était à disposition. Pas de problème de parnassa, qui mobilise trop de temps.
En ce sens, la manne est une épreuve. Toutes les conditions sont réunies pour grandir en Torah. Vont-ils saisir leur chance ?
Et nous qui gagnons notre vie, grâce à D., avons-nous conscience que c’est D. qui nous envoie la manne ? Sommes-nous clairvoyants ? Investissons-nous assez de temps et d’énergie dans l’étude de la Torah ?

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN
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