Pin’has 5782

« Pin’has fils d’Eleazar fils d’Aaron le Cohen retira Ma colère contre les bné Israel en prenant Ma vengeance de parmi eux et Je n’ai pas détruit les enfants d’Israel dans Ma vengeance.» (BAMIDBAR 25, 11).


Cette semaine, nous lirons la paracha Pin’has.

En dehors d'Israel, on lit la paracha BALAQ. Ici un commentaire envoyé la semaine dernière.

Pin’has est l’homme zélé, qui a tué d’une même lance Zimri, prince de la tribu de Chim’on et Kozbi fille de Tsour (Prince de Midiane). Tsour était le roi le plus important de Midiane (Rachi) et n’a pas hésité à prostituer sa fille, et à l’envoyer séduire les Bné Israel. Les Bné Israel ont ainsi fauté, et une terrible épidémie a frappé le peuple. L’épidémie s’est arrêtée lorsque Pin’has a tué Zimri et Kozbi, « Parce qu’il [Pin’has] a vengé son D. ». Pin’has mérite par son action “l’alliance de paix”. Pin’has gagne aussi dans cet épisode son titre de Cohen pour lui et sa descendance.

L’élève questionne :
Alors la violence, c’est légitime ?

Le professeur :
A propos de l'acte de Pin'has on dit toujours qu'il a bien agi, mais si l'on demande aux rabbanim la conduite à tenir, et bien, l'on ne recommandera pas le comportement de Pin'has. C'est «Hala'ha ve ein morine ken ».

L’élève :
Mais dans cette histoire, la fin semble justifier les moyens ?

Le professeur :
Certains mouvements politiques sont persuadés que la fin justifie les moyens. Les communistes pensent qu’il faut passer par la révolution. Ils acceptent  même des périodes de dictature, pour réaliser un monde meilleur.
Mais chez nous, l’acte de Pin’has n’est pas un moyen pour atteindre une fin. C’est cela le sens des paroles de nos Maîtres. Si on questionne un rav, il ne dira pas qu’il faut tuer les fauteurs.
Pourquoi ? car dès qu’on pose la question, on se place dans une optique fin/moyen. Si on demande que faut-il faire pour stopper l’épidémie (l’objectif), on ne répondra pas tuer les fauteurs (le moyen). Tout simplement car la fin ne justifie pas les moyens.

Si Pin’has a agi de la sorte, c’est sans calcul. Il a perçu la vraie action à mener, et il a agi au nom de D.

L’élève :
C’est la porte ouverte au fanatisme religieux ?

Le professeur :
D’abord Pin’has a la dimension d’un prophète. Il a accès à la vérité, et sans réfléchir, sans calcul, il a agi. Si quelqu’un se brûle, il ne va pas commencer à réfléchir, il va fuir le feu, et se mettre de l’eau longtemps sur sa brûlure. Si un serpent attaque, je ne vais pas commencer à tergiverser, il faut agir.


L’élève :
Normalement, un Cohen meurtrier ne peut plus servir au Temple, et là Pin’has, en tuant, obtient le titre de Cohen. Comment est-ce possible ?

Le Professeur :
Encore une fois, Pin’has n’a rien calculé, il a agi au nom de la vérité, car la vue du mensonge lui était insupportable. Automatiquement, avec l’action de Pin’has, l’épidémie s’arrête. Pin’has comprend : c’est eux ou nous ! Il agit au nom de la vérité. Pin’has tue, mais il donne la vie au peuple. Parfois tuer, ce n’est pas tuer. Ainsi, un foetus qui met en danger la vie de la mère, n’a pas de raison d'être, cela ne s’appelle pas tuer que de sauver la mère. Si quelqu’un me donne une gifle, je n’ai pas de raison de tendre l’autre joue. Au contraire, j’ai la mitswa de me protéger. Pin’has est devenu Cohen, car il a ramené la paix, et qu’il a sauvé le peuple.


Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN