Vaera 5782

« Et Moi aussi, J’ai entendu la plainte des bné Israel, … »
Chemot (6,5)

La paracha de la semaine expose le début du processus de la libération des Bné Israel d’Egypte.
Ainsi, dans Vaera nous trouvons les sept premières plaies (sur 10) qui ont frappé les Egyptiens, avant la fin de l’esclavage des Bné Israel.
Onkelos, qui a traduit la Torah en araméen, traduit le verset en modifiant légèrement la présentation du verset.
Onkelos, est a priori un romain converti au Judaïsme. A Onkelos, on donne la force de ses contemporains, les sages de la michna, les Tanaim. Celui qui le souhaite peut trouver des informations sur sa vie à l’adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/Onkelos

Dans le verset en entête c’est D. qui parle et qui dit : Et Moi aussi, j’ai entendu la plainte des bné Israel, … »

Onkelos traduit ce verset par  : “Et devant Moi il y a le son de la plainte des Bné Israël".
Ce n'est pas exactement comme la version originale. Dans la Torah, D. dit “J’ai entendu”, alors que Onkelos traduit “devant Moi, il y a le son de la plainte des Bné Israel”.

Déjà, la semaine dernière, dans la paracha Chemot, Onkelos a traduit “D. a dit, oui, J’ai vu la détresse de Mon peuple …” Chemot (3,7) par “D. a dit, il a été dévoilé devant Moi, ….”.

On comprend qu’Onkelos ne veut pas personnifier D.
Onkelos ne veut pas écrire D. a vu, ou D. a entendu. Onkelos ne veut surtout pas rendre D. humain, en faisant croire que D. a des  yeux, des oreilles… D. préserve !
Ce n’est pas très juif d’humaniser D. Ce sont d’autres croyances qui dessinent, qui représentent D. Chez nous, on peut juste dire ce que n’est pas D. …. mais le rendre humain, c’est une hérésie !

Mais ce n’est peut être pas le seul objectif d’Onkelos. Lorsque que je dis “J’entends”, ou “Je vois”, c’est JE le sujet.
Il y a une réalité et “JE” la perçois, l’entends, la vois. En fait, le sujet va forcément déformer la réalité. C’est moi qui entends, j’entends avec mes oreilles, mon passé, mon éducation…. souvent je vais entendre ce que je veux entendre. Je vais entendre ce que je suis en mesure d’entendre. Je suis construit, par mes gènes, par mon éducation, par mon environnement, pour entendre ou voir certaines choses. Je n'appréhende pas la réalité telle qu’elle est, mais comme je suis.

 Nous sommes humains, donc forcément nous avons un biais dans toutes nos perceptions de la réalité.

Onkelos ne dit pas D. entend mais il y a eu le son de la plainte devant D. car D. ne perçoit pas, devant lui il y a La Réalité. Devant Lui, il y a l’essence des choses. En tant qu’humain, nous n’y avons pas accès. Mais nous avons l’obligation de tenter de s’en approcher.

Quand nous entendons, quand nous voyons, nous filtrons, en fait, nous interprétons. Forcément, nous ne percevons pas La Vérité. Une vie de Torah, sera une vie où l’on développera son esprit critique, pour toujours tout remettre en question, et en tâtonnant, tenter de s’approcher de La Vérité.


Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN