Le’h Le’ha 5784

 « Il [D.] le fit sortir vers l’extérieur [à Avraham] et lui dit : regarde, Je t’en prie les étoiles, si tu peux les compter ; ainsi sera ta descendance »
(Berechit 15,5)

Cette semaine, dans la paracha Le’h Le’ha, nous faisons connaissance avec un homme hors du commun, c’est Avraham, le premier père de notre peuple. Rappelons qu’au début de la paracha, il est nommé Avram.
Avram est marié à Saray. Il quitte la mésopotamie, pour aller à l’Ouest, en terre de Canaan. Dès le début de la paracha, D. avait promis à Avram qu’il ferait de lui un grand peuple.

Plus tard dans la paracha, nous aurons l’alliance des morceaux. D. va promettre à Avram la Terre d’Israel pour sa descendance. Juste avant, lors d’une vision, Avram rappelle qu’il n’a pas d’enfant…. à quoi serviront donc toutes les promesses ?
Mais,  « Il [D.] le fit sortir vers l’extérieur [à Avraham] et lui dit : regarde, Je t’en prie les étoiles, si tu peux les compter ; ainsi sera ta descendance » (Berechit 15,5).

D. promet à Avram une descendance.

Sur le verset en entête Rashi rapporte la guemara Chabbat 156a.

La guemara commente le début du verset : Que veut dire que D. le fit sortir à l’extérieur ? Rav Yehuda dit au nom de Rav : Avram a dit devant D., j’ai regardé dans mon destin (les astres), et je ne suis pas apte à avoir un fils. D. lui a dit : sors de ton destin, il n’y a pas de Mazal (astre) qui commande Israel.

Le Torah Temima explique qu’Avram peut dépasser son destin. D. lui explique que Avram a un destin, mais AvraHam pourra dépasser ce destin. AvraHam ne sera plus le même homme.

D’ailleurs même si Avram aura Yichmael, le fils de la servante, alors qu’il s’appelle encore Avram, plus tard, après le changement de nom (AvraHam), il aura un fils de SaraH qui se nommera Yits’haq.

J’espère comme d’habitude que je ne vais écrire de bêtises, et que je ne vais pas trahir le message de la Torah.

D. demande à Avram de sortir vers l’extérieur au sens propre, pour lui montrer les étoiles. Mais, comme l’a dit la guemara, au sens figuré, D. dit à Avram : “Il n’y a pas de Mazal (astre qui prédestine) pour Israel. Et juste après que fait D., il lui montre les étoiles !

Il n’y a pas d’astres… mais en fait une multitude d’étoiles. Il y a des milliers de critères qui influencent le destin de l’homme. Si ce n’était qu’un seul astre, alors l’homme ne serait qu’une marionnette. Mais en montrant la multitude d’étoiles, on comprend que les facteurs qui influent sur la vie de l’homme sont presque infinis. L’homme est donc libre. Au minimum, il a une grande marge de manoeuvre pour dépasser un destin hypothétique.

En agissant, l’homme utilisera tout ce qui peut l’influencer, tout ce que la nature lui a donné, pour aller dans la direction qu’il souhaite.

L’homme est libre, c’est vrai. L’homme peut changer le cours de l’histoire, c’est vrai. Mais, la paracha nous montre aussi qu’il y a un sens à l’histoire. D. promet à Avraham une descendance. D. promet à la descendance d’Avraham la Terre d’Israel !

De même, le Rambam, dans les Hala’hot (les lois) de la Techouva (repentir) (Chap 7, Hala’ha 5) dit : “Tous les prophètes ont ordonné de faire Techouva. Et Israel ne sera libéré que par la Techouva. Et la Torah a promis qu’au bout du compte Israel fera Techouva et sera immédiatement libéré”.
Il y a donc un sens à l’histoire. Croire en la venue du Machia’h c’est croire que le peuple fera Techouva.

Et pour faire Techouva, j’ai 2 possibilités comme le dit Rabbi Yeochoua (Guemara Sanhédrine 97b) : si le peuple fait Techouva tout seul, c’est bien, sinon D. enverra un roi avec des décrets durs comme Haman, et le peuple fera Techouva.

Nous pouvons donc faire l’histoire. Nous sommes libres de bien nous comporter et de revenir à nos valeurs. Nous pouvons changer le monde : il n’y a pas de destin !

D. a dit à Avraham : “Ainsi sera ta descendance”, comme toi, elle regardera la multitude d’étoiles, et elle comprendra, que ce n’est pas un seul astre qui dirige l’homme. L’homme est le fruit d’un nombre infini de causes. L’homme peut profiter de son environnement, de ses dons, de ses défauts, de ses plus belles chances, de ses différences, pour s’épanouir et revenir à nos sources.

Nous ne sommes pas prisonniers du destin. Nous descendons d’AvraHam qui a eu Yits’haq. Et AvraHam, n’est plus Avram, qui lui est le père de Yichmael, et pour qui le destin est la première nature.


Chabbat Chalom,
Stéphane Haim COHEN

www.limud.net