Vayechev 5779

 
« …. Est-ce que moi et ta mère on va se prosterner à terre devant toi ? » Berechit 37,10
 
 
Une petite remarque sur le début de la paracha. Yossef raconte ses rêves à ses frères. Cela suscite de la jalousie des frères. Yaaqov, le père tente de calmer la situation, en disant : « Est-ce que moi et ta mère on va se prosterner à terre devant toi ? ».
Or, Ra'hel était morte, donc il n'était pas possible que Ra'hel se prosterne devant Yossef. De là, Rashi nous dit que nos maîtres apprennent que dans un rêve, il y a toujours une partie erronée.
Le Sifté 'Ha'hamim, nous dit que Yaaqov, savait aussi que dans un rêve tous les détails ne sont pas forcément vrais.
 
Et malgré tout, Yaaqov dit devant les enfants « Est-ce que moi et ta mère on va se prosterner à terre devant toi ? » Berechit 37,10
 
En fait, Yaaqov veut faire comprendre à ses fils que de la même façon que cette partie du rêve est impossible, alors le reste est aussi des futilités.
Même si Yaaqov, sait que ce n'est pas un argument vrai, il utilise cet argument pour rétablir le chalom entre ses enfants.
Ici, le vrai, c'était pas la vérité des faits, mais le fait de faire le chalom.
 
Une fois de plus, Yaaqov, que l'on qualifie d'homme de vérité est confronté à un problème de vérité, comme auparavant avec Esaw, comme avec Lavan.
 
On comprend d'ici qu'un homme grandit lorsqu'il rencontre des épreuves sur ce qui est sa caractéristique. C'est un homme de Torah et de vérité, et c'est par la vérité qu'il sera éprouvé.
 
CHABBAT CHALOM
 
Stéphane Haim COHEN
 
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Commentaire envoyé en  5777.
 « Ce fut le 3è jour, le jour anniversaire de Pharaon… »
Berechit (40,20)
 
La paracha de la semaine nous rapporte le triste épisode de la vente de Yossef par ses frères. Ces derniers étaient convaincus d’être dans le vrai. Ils avaient jugé Yossef, et l’avaient condamné.
C’est à cause de la vente de Yossef par ses frères, que la famille de Yaaqov s’installera 20 ans plus tard en Egypte.
Yossef commence sa vie en Egypte en tant qu'esclave, puis devient l'intendant de Putifar. La paracha se termine alors que Yossef est en prison, suite à la dénonciation calomnieuses de la femme de Putifar.
Le verset en entête fait référence à l'anniversaire de Pharaon qui à cette occasion libérera le maître des boissons, et pendra le maîtres des pains. 
 
Rashi à propos du verset en entête nous dit que Pharaon fêtait le jour de sa naissance, que l'on nomme « Yom Guinossia ».
 
Le Torah Temima nous cite le Yerouchalmi (Avoda Zara Chap 1, Hala'ha 2) qui dit que nous apprenons d'ici que la date anniversaire de la naissance des rois se nomme « Guinossia ».
La conséquence pratique est qu'il est interdit de commercer avec les païens le jour de  Guinossia. En effet, comme c'est un jour de fête pour eux, ils pourraient ensuite remercier leurs idoles d'avoir fait de bonnes affaires avec le juif, le jour de sa fête.
 
Pourtant, une michna (Babli) nous dit « voici les jours de fêtes des idolâtres : le jour de guinossia des rois, et l'anniversaire de leur naissance, ... »
Il est donc clair que guinossia ne signifie pas l'anniversaire de la naissance, puisque la michna considère que ce sont 2 évènements.
 
En fait le Talmud Babli considère qu'il y a 2 dates :
- le jour anniversaire de l'accession au trône (guinossia)
- le jour anniversaire de la naissance.
 
En revanche le Yerouchalmi ne cite qu'une date : l'anniversaire de la naissance.
 
Rashi a choisi l'explication du Yeroushalmi. Pourquoi ?
Et le Yeroushalmi, pourquoi choisit-il de ne mentionner qu'une date ? L'anniversaire de l'accession au trône n'est-il pas une fête ?
 
Il est possible que si le Babli considère qu'il y a 2 dates à fêter pour un roi, c'est parce qu'il s'intéresse aux rois romains. En effet, chez les romains, le roi n'est pas fils de roi. On fête donc la naissance, ainsi que l'accession au trône, qui sont 2 événements non liés.
Le Yerouchalmi de son côté s'intéresse aux rois qui sont fils de rois. Pour ce type de royaume, il n'y a qu'une date à fêter. En effet, dès sa naissance, on sait que l'héritier est promis à siéger sur le trône de son père. Il n'y a donc qu'une date à fêter : la naissance.
 
Dans notre paracha, on parle de Pharaon. On sait très bien que Pharaon ce n'est pas le nom du roi, mais c'est son titre, qui se transmettait de père en fils. Pour les rois égyptiens, il n'y a donc qu'une date à fêter, celle de la naissance. Voilà pourquoi Rashi a préféré expliquer « Guinossia » selon le Yeroushalmi, et pas selon le Babli.
 
 
CHABBAT CHALOM
 
Stéphane Haim COHEN